Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Hissène Habré refuse de comparaître à la reprise de son procès à Dakar

Amené de force à la barre par les gendarmes. L’ancien président tchadien, Hissène Habré, a de nouveau refusé de se présenter de lui-même devant la Cour, lundi 7 septembre, à la reprise de son procès pour crimes contre l’humanité, qui avait déjà été suspendu il y a quarante-cinq jours.

Toujours vêtu d’un boubou et d’un turban blancs, Hissène Habré a vitupéré la Cour, « organisme illégal, hors la loi » et crié « A bas l’impérialisme ! ». Persistant dans sa guérilla judiciaire, il rejette depuis le début de son procès tout contact avec les trois avocats commis d’office par la Cour, qui avait ajourné le procès pour permettre à ces avocats de prendre connaissance du dossier.

En détention depuis deux ans au Sénégal, où il a trouvé refuge en décembre 1990 après avoir été renversé par l’actuel président tchadien Idriss Deby Itno, Hissène Habré est poursuivi pour « crimes contre l’humanité, crimes de guerre et crimes de torture ». Il encourt entre 30 ans de prison ferme et les travaux forcés à perpétuité.

Le procès devant les Chambres africaines extraordinaires (CAE), tribunal spécial créé en vertu d’un accord entre le Sénégal et l’Union africaine (UA), doit servir de test pour la lutte contre l’impunité sur le continent, où la Cour pénale internationale est fréquemment accusée de ne poursuivre que des dirigeants africains. Le procès devra déterminer s’il a ou non personnellement ordonné la mort et la torture de milliers d’opposants politiques ou de membres d’ethnies rivales.

Lundi, plusieurs parties civiles se sont exprimées. « Hissène Habré était le roi absolu du Tchad. Il jetait les gens en prison, il les faisait torturer quand cela lui chantait, et aujourd’hui il se conduit comme un enfant gâté », a déclaré Fatimé Sakine, 53 ans, une secrétaire emprisonnée et torturée pendant quinze mois entre 1984 et 1986. « Il a peur de nous et peur de la vérité ».

Lire aussi : Procès Habré : « C’est notre stratégie, une défense de refus »

40 000 morts

Dans une « lettre aux Sénégalais d’un rescapé des prisons de Hissène Habré » publiée lundi, une des parties civiles, Souleymane Guengueng, appelle l’opinion à ne pas se laisser abuser par les récentes « manœuvres » et tentatives de « diversion pour couvrir la voix des victimes de Hissène Habré ». Souleymane Guengueng, fondateur de l’Association des victimes de crimes du régime de Hissène Habré, s’insurge en particulier contre « cette étrange idée de la part de Hissène Habré, de se présenter comme héraut de l’anti-impérialisme ».

Jusqu’à peu avant sa chute, Hissène Habré a bénéficié du soutien américain et français contre la Libye du colonel Mouammar Kadhafi, considéré comme un « parrain du terrorisme ».

La répression sous son régime (1982-1990), exercée en particulier par la très redoutée Direction de la documentation et de la sécurité (DDS), sa police politique, a fait 40 000 morts, selon les estimations d’une commission d’enquête tchadienne. Le procès devrait durer deux mois, au cours desquels environ 100 témoins et victimes sont attendus à la barre. Plus de 4 000 victimes « directes ou indirectes » se sont constituées parties civiles.

Tag(s) : #Tchad
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :